Les Mouchoirs Rouges de Cholet Pocket Book – 1 March 1986

Bocage vendéen, 1796. Dans les villages et les métairies ravagées par les colonnes infernales, les survivants réapparaissent. Ils sortent des bois ou des terriers qui les ont protégés des hussards et des bandes de bleus à la folie meurtrière.Animés par l’indomptable énergie des survivants, ces fantômes vont surmonter les traumatismes et reconstruire le village d’avant.Sous la houlette du prêtre réfractaire « Noé », cette communauté rurale va renaître animée par le paysan soldat Dochâgne et le capitaine de paroisse forgeron Chante-en-hiver…Cette épopée de la résurrection vendéenne parue en 1984 n’est pas un monument inoubliable de notre littérature, ni le summum de la précision historique. Mais il s’agit sans doute du meilleur roman écrit sur l’âme du pays forgé par les guerres de Vendée. Il est aussi à noter que ce roman est un des premiers livres qui évoque un génocide vendéen, deux ans avant la sortie du livre de Reynald Sécher à ce sujet.L’auteur, Michel Ragon, est un vendéen né à Marseille en 1924, qui a grandi à Fontenay le Comte puis à Nantes. Autodidacte issu d’un milieu très modeste, il monte à Paris en 1945. Il y fréquente les mi-lieux libertaires où trainent Brassens et Ferré et devient critique d’art et d’architecture.Historien de la littérature prolétarienne, c’est à partir de 1976 et la mort de sa mère qu’il se penche sur ses origines vendéennes. Après les anarchistes, il fréquente de Villiers (!!!) et participe au renouveau de la mythologie vendéenne.« Dans les mouchoirs rouges » renaît l’histoire de mes ancêtres Deux-sévriens, le patois de mes parents, et l’esprit de toute la Vendée militaire. Il y a dans ce roman du Giono et du Garcia Marquez, certes avec moins de talent, mais qui prend aux tripes tous ceux qui aiment cette région.Lecture indispensable si vous en faites partie.

Terrible époque de l'histoire où les vendéens ont payés de leur vie leur fidélité à la royauté et à la religion.

La vie des paysans, vendéens, de 1793 à 1820, des guerres de Vendée à la Restauration, le lecteur embarque dans une épopée de vérité. La vie, dure, âpre, cruelle mais aussi jalonnée de ces joies, simples, qui rythment l'existence des gens humbles, qui furent surnommés par Napoléon : les géants.Tout y est, dans ce roman. L'Histoire, la description méticuleuse et jamais rébarbative de la vie paysanne mais aussi celle de la petite noblesse. L'auteur prend le parti d'affirmer que les paysans sont à l'origine de 93 et que cette guerre contre la République fut d'abord le combat de la survivance. Ce sont les paysans qui sont venus chercher les nobles et non l'inverse. D'ailleurs lorsque les nobles ont voulu re-soulever la Vendée (militaire) lors de la 5ème guerre ils se heurtèrent au combat de trop, au combat qui ne trompait personne.L'auteur montre clairement que les paysans vendéens ont été dépossédés de leur guerre et qu'au final ce sont encore ces paysans qui sont les premières victimes de ces combats devenus essentiellement politiques.L'oeuvre est emportée par un souffle, une puissance et une maîtrise remarquables. Les personnages sont, pour la plupart, attachants. Le lecteur assiste à la fin d'un monde, celui de la terre qui s'accroche à ses traditions, religieuses, culturelles et païennes mais qui ne pourra résister longtemps à cet esprit de modernité au profit de quelques-uns, délaissant la majorité manipulée et encerclée par un pouvoir jamais reconnaissant et d'autres encore sur le bord du chemin et de l'oubli.Michel Ragon écrit la vie des humbles, des dépossédés, des géants écrasés sous le poids de la minorité, des privilégiés, des hommes de pouvoirs. Ces humbles qui continuent, malgré tout, à rester dignes et pour lesquels l'auteur fait œuvre de mémoire.Un livre que l'on quitte à regret, un livre qui touche cette part de vérité qui vit en chacun de nous : la compréhension de la complexité du monde et de la nécessaire survivance.

Conforme à mes attentes

Cette renaissance est tout simplement passionnante, ce roman devrait être étudié à l'école !